Article écrit pour le cours de journalisme presse écrite
Aurores boréales en France : Pourquoi apparaissent-elles au-dessus de nos terres ?
En 2023, ces phénomènes ont éclairé à 5 reprises le ciel français. Si les aurores sont facilement observables dans les pays proches des pôles, elles s’avèrent plutôt rares sur notre territoire. Mais pour quelles raisons ces lumières atteignent-elles nos latitudes ?

Ces évènements exceptionnels ont même été aperçus depuis la Normandie. (Crédits : Mathieu Rivrin au Mont Saint Michel )

Telle une danse céleste subtilement colorée, elles sont apparues au-dessus de nos régions, l’année passée. Offrant une valse de drapées roses, oranges et vertes, elles ont déambulé du Nord-Pas-de-Calais à l’Alsace, surplombant l’Auvergne et le Var. Le spectacle s’est également produit chez nos voisins au Royaume Uni, et en Italie. Il a même été visible depuis l’Ukraine. Habituées des pays scandinaves et des terres islandaises, les aurores boréales sont au contraire, plus insolites de notre côté.
« La manifestation d’un couplage entre le soleil et la terre »
Avant d’embraser notre ciel, il se passe tout un tas de choses dans l’univers. Ces phénomènes sont « le résultat d’une interaction entre le vent solaire, un flot de particules chargées électriquement qui s’échappe du Soleil et le champ magnétique de la Terre » explique Matthieu Kretzschmar, enseignant chercheur au Laboratoire de Physique et Chimie de l’Environnement et de l’Espace. Tout commence par des éruptions sur le Soleil, qui éjectent de la matière appelée masse coronale. Lorsque ces éléments, qui se détachent en grande quantité, se dirigent vers la Terre, ils rencontrent le vent solaire. Perturbant le processus de ce dernier par leur vitesse et leur intensité, ils engendrent une compression du champ magnétique de la Terre (qui n’est autre qu’une barrière de protection) côté jour. Bien que ce flot de particules s’agglutine, il ne peut pas rentrer directement dans notre atmosphère. Il est donc obligé de contourner la Terre en suivant les lignes de ce champ protecteur qui le redirige vers la partie plus sombre. « C’est côté nuit qu’une porte d’entrée va se créer par un phénomène que l’on appelle la reconnexion magnétique » affirme Matthieu Kretzschmar. C’est à ce moment-là que le mécanisme des aurores va s’opérer. Victorieuses d’avoir trouvé une issue à leur trajectoire, ces particules « qu’il faut imaginer comme des boules de billard, ne peuvent pas arriver jusqu’au sol car elles rencontrent une atmosphère dense » ajoute Laurent Lamy, astronome adjoint au Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentalisation en astrophysique. Au cœur de l’atmosphère terrestre, elles entrent en collision avec des molécules déjà présentes et leur cèdent, par la suite, une partie de leur énergie. Ces associations vont finalement se transformer en lumière. « Les couleurs vertes et rouges sont dues à leur rencontre avec l’oxygène atomique, et les bleues et violettes sont le résultat d’un couplage avec l’azote moléculaire et ionisée » précise Laurent Lamy. On les appelle aurores polaires, puisqu’elles se manifestent dans les pôles. Au sud, elles sont australes ; Au nord, elles sont boréales.
« Aucun rapport avec le dérèglement climatique »
S’il est assez facile à notre époque d’établir un lien entre les aurores et le climat, le constat en est tout autre. « On aurait du mal à imaginer comment le réchauffement climatique pourrait gouverner un afflux de particules qui ne proviennent pas de la Terre » rétorque Laurent Lamy. Depuis 2019, le Soleil est entré dans son 25 e cycle. Chacun d’entre eux durent 22 ans au total, et celui-ci s’avère très puissant, à l’inverse des précédents qui étaient plutôt calmes. « Le champ magnétique du Soleil oscille en s’inversant tous les 11 ans » indique Baptiste Cecconi, astronome à l’Observatoire de Paris. La notion de tâches entre alors en jeu, car plus elles sont nombreuses à la surface du Soleil, plus il y a d’éruptions. Elles sont d’ailleurs très présentes dans les 11 premières années, ce qui présage plus d’aurores polaires. Voici donc la vraie raison de leur émergence au-dessus de nos terres. C’est d’ailleurs en ce moment même, entre 2024 et 2025 que le cycle est à son apogée. Vous rêvez de voir les aurores chalouper ? Alors éviter les endroits propices à la pollution lumineuse, préparez vos optiques et ouvrez grand les yeux. Soyez prêts, contemplez.
Le phénomène lumineux des aurores ne présente aucun risque dans nos vies quotidiennes. Néanmoins, leur haute intensité peut impacter les réseaux électriques d’un pays. « On mesure l’indice d’activité aurorales principalement avec les perturbations du champ magnétique captées à la surface de la terre » déclare Baptiste Cecconi. Si la variation de notre barrière de protection n’est pas bien surveillée en fonction des câbles reliés aux transformateurs, il peut y avoir cela de violents black-out. La situation s’est déjà produite en 1989 au Québec, plongeant 6 millions de personnes dans le froid, et le noir total. À noter que ce trop-plein d’énergie peut également brouiller les télécommunications, et amoindrir les précisions des positionnements GPS. Ce qui risque de causer quelques problèmes aux services de secours, ainsi qu’aux transmissions militaires.
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